Contrairement à ce que son nom laisse supposer, la lampe de banquier était à l’origine une simple lampe de bureau. Elle était produite par une petite entreprise américaine et n’était pas destinée spécifiquement aux banquiers. Pourtant son design audacieux pour son époque conjugué à une finition soignée lui a permis d’atteindre une renommée mondiale, ce qui explique le succès qu’elle connaît encore aujourd’hui.

La naissance d’un concept audacieux

L’histoire de cette petite lampe débute en 1909 lorsqu’un jeune ingénieur nommé Harrison D. McFaddin décide de lancer un nouveau modèle de lampes de bureau. Son idée consistait à adopter une couleur inédite pour les abat-jours : le vert émeraude. Effectivement, à cette époque la plupart des lampes étaient dotées du traditionnel abat-jour jaune. Le concept, alors considéré comme inhabituel, ne manque pas de surprendre. Aussi, pour convaincre la clientèle, McFaddin mise sur une finition luxueuse. Il opte pour un mélange de matières élégantes qui fera le succès de son invention : du laiton pour le socle et de l’opaline verte pour l’abat-jour.

L’Emeralite suscite l’intérêt

Le laiton brossé affiche une patine brillante révélant le talent des orfèvres de l’époque. Alors que pour l’abat-jour, McFaddin décide de se fournir en Europe, là où sont basés les meilleurs artisans travaillant l’opaline. Le résultat s’avère sans appel : une lampe originale et classe à la fois. Elle fut baptisée Emeralite, de la couleur vert émeraude de l’opaline. Elle trouve rapidement une clientèle riche et suscite l’intérêt des amateurs d’objets d’exception.

L’Emeralite devient la Lampe de banquier

Avec la révolution industrielle et le développement du réseau ferroviaire sur tout le territoire, elle prend rapidement son essor. En peu de temps, l’Emeralite se retrouve sur les bureaux des institutions les plus distinguées du pays.

Cependant, à cette époque, c’est à Wall Street, le quartier des affaires, qu’elle devient une véritable marque de fabrique. Elle orne les bureaux des banques les plus prestigieuses et s’impose comme un standard de la décoration des institutions financières. D’ailleurs, c’est à ce moment qu’on évoque pour la première fois le terme de « lampe de banquier » qui restera associé à l’Emeralite de McFaddin.

Le succès en Amérique et en Europe

La tendance se confirme, la lampe de banquier devient un objet déco prisé. On en trouve pratiquement partout dans l’administration américaine civile et militaire. En dehors des institutions financières, les notaires figurent aussi parmi les meilleurs clients de McFaddin.

De même, sa lampe s’invite aussi dans les bibliothèques où son design à la fois élégant et fonctionnel s’avère très apprécié. D’autre part, au début des années 30, la lampe de banquier s’exporte en Europe et est assurée d’un bel avenir.

Le déclin de l’entreprise et l’arrêt définitif de la production

Cependant, la Deuxième Guerre mondiale rend difficile l’approvisionnement auprès des fournisseurs européens. L’entreprise de McFaddin subit alors les effets de la guerre de plein fouet. Elle sera revendue plusieurs fois avant de mettre finalement la clé sous la porte en 1962. Entre-temps, la lampe de banquier sera revisitée et modernisée par les différents repreneurs. Cependant, aucune autre version ne connaîtra un succès comparable à celui de l’Emeralite.

La lampe de banquier devient un objet de collection

Malgré l’arrêt de la production, la lampe de banquier ne disparaît pas immédiatement du paysage. On en trouve encore beaucoup auprès des universités et des bibliothèques américaines. Son allure distinguée continue à susciter l’intérêt.

D’ailleurs, elle quitte peu à peu les institutions publiques pour se retrouver sur les bureaux de riches collectionneurs. La lampe de banquier jouit alors d’une excellente renommée dans le milieu. Ainsi, au milieu des années 80, les modèles les mieux conservés pouvaient se négocier alors jusqu’à 1500 USD.

La lampe de banquier au 21e siècle

Aujourd’hui, ces modèles authentiques d’avant-guerre sont les plus recherchés. Ils sont peu nombreux et ceux qui ont la chance d’en acquérir les paient à prix d’or. Ils représentent des objets vintages bien cotés dans le milieu des connaisseurs. Il n’en fallait pas plus pour qu’on voie arriver sur le marché des répliques exactes à la hauteur du budget des consommateurs.

La lampe de banquier trouve parfaitement sa place avec le regain d’intérêt que nous connaissons pour le style déco rétro. Ainsi, entre luxe et cachet d’antan, cette lampe constitue un must have pour les amateurs d’objets déco d’exception.

Une recette inchangée pour les nouvelles lampes de banquier

Avec son look tout droit sorti des années 30, la lampe de banquier actuelle reprend les éléments qui ont fait le succès de son prestigieux ancêtre. L’abat-jour en verre opaline n’a rien perdu de son charme. Sa couleur vert émeraude produit toujours une apaisante lumière diffuse. Elle s’articule aujourd’hui autour d’un axe pivotant permettant d’orienter le faisceau lumineux dans la direction de votre choix.

La lampe de banquier, à la fois stylée et économique avec une lampe LED

Pratiquement tous les modèles modernes sont constitués d’un verre opaline à deux faces. La couche supérieure en vert émeraude restitue le cachet du modèle d’origine. Tandis qu’à l’intérieur, l’abat-jour se revêt de blanc pour mieux réfléchir la lumière. Associée à une ampoule LED, la lampe de banquier permet d’éclairer son bureau de manière stylée tout en demeurant parfaitement économique. C’est la façon idéale d’associer le charme du vintage avec la praticité des ampoules LED modernes.

L’interrupteur à chaînette reconduite

Par ailleurs, la chaînette fait aussi son grand retour pour rester fidèle à l’esprit de la lampe de McFaddin. Les premières répliques modernes étaient livrées avec des interrupteurs insérés sur le cordon d’alimentation électrique. Cependant, la recherche du cachet authentique a incité les designers à reprendre le concept de la chaînette en acier en guise d’interrupteur. Elle fait partie de la touche rétro-chic qui fait l’originalité de la lampe de banquier. D’ailleurs, ce sont les détails de ce genre qui donnent toute leur valeur à ces objets vintages.

Le socle en laiton, une note d’élégance intemporelle

À l’image de la lampe d’origine, les meilleures reproductions adoptent un socle en laiton. Grâce aux techniques de production contemporaines, le design massif est conservé tout en utilisant moins de laiton. Et pour assurer l’équilibre de l’ensemble, la plupart des modèles de lampes actuelles sont lestés à la base.

Le poli, ainsi que les moindres détails du socle bénéficient d’une finition tout aussi soignée que le modèle d’origine. Aujourd’hui, plusieurs versions du socle sont disponibles : droite, surélevée, à base ronde, carrée ou rectangulaire…